Pour dépasser un peu les distances permises par le seul actionnement des quadriceps et des mollets, rien de mieux que le train, moyen de transport de masse parmi les moins polluants.
En ces temps de pandémie et de réchauffement climatique, l’évidence de pouvoir se déplacer en polluant le moins possible se traduit difficilement dans les faits : emporter son vélo dans le train est toujours un peu compliqué. Pourtant pour Karima Delli, présidente (EE-LV) de la commission transport et tourisme au Parlement européen, «les personnes qui prennent le train avec leur vélo sont autant de personnes qui arrivées à destination n’utiliseront pas de voiture». Avec la crise du Covid-19 l’usage du vélo s’est développé partout en France cette année. «On a enfin compris que le vélo n’est pas juste pour faire du sport, explique la députée européenne. C’est un moyen de transport comme un autre. Culturellement c’est un big bang.» Essayons donc d’y voir plus clair dans les trains qui sont autorisés et les modalités d’accès.
Quels vélos dans le train ?
Les mieux lotis sont les petits veinards qui ont choisi le vélo pliant. Avec une housse idoine, ils pourront faire passer leur moyen de transport comme un bagage standard. Les plus astucieux peuvent ruser avec le système en planquant leur bécane dans une housse ajustée aux limites de taille imposée par la SNCF (90x120 cm). Quel que soit le modèle, il faudra au moins démonter une ou deux roues.
Mais les vélos les plus courants (VTC, route, VTT, etc.) n’étant pas pliants, ni forcément facilement démontables pour être empaquetés, il faut alors prendre une place vélo dédiée. Tous les vélos ne sont pas autorisés : si vous avez investi dans un vélo couché, un tandem, un vélo cargo ou même une bête remorque, vous ne pourrez pas les emporter dans les trains en France.
Quels trains ?
Sur les TER, les places vélos sont là par défaut et accessibles gratuitement sans réservation. Ce qui pourrait sembler être un avantage est à double tranchant : si jamais il y a beaucoup plus de cyclistes qui se pointent qu’il n’y a de places dans la rame, les voyageurs pourront être débarqués à la discrétion du contrôleur. Cela arrive parfois sur quelques itinéraires cyclotouristiques comme le canal du Midi ou la Loire à vélo.
Sur les trains Intercités, il faut vérifier au cas par cas, mais l’accès est soit gratuit sans réservation comme les TER, soit payant 5 ou 10 euros par vélo. Quant aux TGV, ils n’acceptent aujourd’hui les vélos que sur un nombre limité de lignes, sur seulement certains trains et uniquement sur réservation (10 euros). En général, la première classe n’est pas disponible pour les vélos. Le site de France vélo tourisme résume dans une carte interactive les trains qui acceptent les vélos, et l’association CylcloTransEurope propose, elle, un guide pratique à télécharger. Comment réserver Sur les sites français comme Oui.sncf ou Trainline, la recherche est toujours incomplète. Le premier oublie sciemment beaucoup de lignes TER, le second ne permet pas de vérifier avant le paiement la possibilité d’emporter un vélo. Les choses évolueront sans doute, mais pour le moment le compte n’y est pas. Pour mieux préparer vos voyages, faites confiance aux Allemands de la Deutsche Bahn avec leur application DB Navigator ou par l’intermédiaire de cette page web. Vous pourrez rechercher des trajets dans toute l’Europe (donc la France) avec comme paramètre la contrainte de l’emport du vélo. Une fois votre trajet défini, il faudra vous rendre sur les sites de vente de billets pour les acheter un par un. Quelques conseils Il reste encore des gares qui ne prennent pas en compte les déplacements des personnes handicapées, alors les vélos, c’est évidemment encore moins prioritaire. Si votre vélo est lourd et encombrant, prévoyez un peu de marge de temps pour prendre les ascenseurs qui permettent les accès aux quais. Ou pour porter votre deux-roues dans les escaliers… Préférez les trains hors affluence, donc pas de vendredi soir, ni de dimanche soir. La solution TER est la plus sympathique pour découvrir le territoire en mixant des déplacements courts à vélo et des sauts de puce en train. Attendez-vous à des réactions outrées des autres voyageurs quand vous leur demanderez de déplacer leurs valises empilées sur votre place vélo. Soyez diplomate, en insistant bien sur le fait que vous avez payé un supplément et proposez de les aider à déplacer leurs bagages vers les espaces prévus.
A l’avenir ?
Si vous ne pouvez pas prendre le train, certains opérateurs de bus commencent à proposer des places vélo comme chez Flixbus, mais c’est encore beaucoup plus rare en France qu’en Allemagne par exemple.
Côté train, le Parlement européen a voté en novembre 2018 en faveur d’un règlement qui doit encore être adopté par le Conseil de l’Europe. «Pour l’instant les gouvernements traînent la patte, raconte Karima Delli. On se bat pour un minimum de 8 places de vélo dans tous les trains en Europe à partir de 2022 car l’intermodalité c’est la clé de la mobilité du XXIe siècle.»
Source Libération
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